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Norvège – septembre 2017 / épisode 3

par Cyril Renailler

Jokulen

Laissant derrière nous le glacier de Jostedal, nous traversons en ferry le Sognefjord afin de rejoindre les hauts plateaux arctiques de l’Hardangervidda. C’est là, au pays des trolls que nous retrouvons le tandem des « Zottiaux », passablement déprimé par les trombes d’eau se déversant sur leurs têtes depuis leur arrivée en Norvège, une semaine plus tôt. Petite excursion touristique aux chutes de Vøringsfossen, histoire de laisser les dernières gouttes de pluie tomber et nous installons notre camp de base au fin fond de la vallée d’Isdal, sous le regard noir du « shérif » local qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de ces étrangers sans le sou, dormant comme des sauvages dans leurs camions. C’est qu’ils risqueraient bien de leur piquer leurs truites ! L’objectif, fort ambitieux, est pourtant tout autre : atteindre et si possible gravir l’immense calotte du Jokulen, un immense et mythique glacier suspendu de 73 km² de superficie, éloigné de partout. Un premier repérage dans un paysage aux couleurs désormais délirantes confirme que le glacier semble hors de portée, à moins de partir pour plusieurs jours. Pas hyper motivant face à l’incertitude du temps et des sols spongieux à souhait. La météo prévoit pourtant une fenêtre pour le lendemain… Que faire ? Tenter sa chance, en mode « Ueli Steck ». C’est ainsi qu’au terme d’une journée hors norme d’une quinzaine d’heures de marche, de « nage », de grimpe et de cramponnage, deux pyrénéens ajoutent le Jokulen à leur palmarès, se payant même le luxe d’une traversée de la calotte sommitale… sans vent et par beau temps ! Parfois, la chance sourit aux rêveurs. Véritable vertige horizontal, la traversée du Jokulen, restera un moment fort du séjour car cette calotte est un monde au-dessus du monde où engagement, concentration et sang-froid sont nécessaires pour évoluer dans un environnement immuable où l’on perd vite tout repère et toute notion de distance. Une hytte tout confort sur les rivages de l’Hardangerfjord sera la bienvenue pour recharger les batteries, fêter un anniversaire et se lancer à l’assaut d’un dernier sommet : l’Oksen, une plaisanterie à 1400 m de dénivelé tout de même. Temps parfait, rien de tel pour finir le séjour en beauté. Un p’tit arrêt dans les faubourgs d’Oslo et il ne reste plus qu’à regagner les latitudes toulousaines… 3500 km plus au sud.

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