Soum d’Aspe
Parfois la chance est au rendez-vous : le we était programmé depuis longtemps et voilà qu’un super beau temps s’annonce ! Direction donc le plateau de Saugué avec Camille, jeune étoile de l’EPAF (Equipe Pyrénéenne d’Alpinisme Féminin), pour une initiation à l’alpinisme printanier en couloir de neige. En mode sherpa, nous remontons ainsi la loooongue vallée du Gave d’Aspé, royaume des marmottes, pour aller poser notre bivouac sur les banquettes des Passets de la Cuyeu, à deux pas du couloir SE du Soum d’Aspé, notre objectif du lendemain. Quand on a pas de pelle, on creuse une niche avec son bol, comme au temps où l’on faisait des pâtés de sable sur la plage : ça fait passer le temps et, accessoirement, c’est propice à la création graphique, Camille faisant remarquer à son compagnon du we qu’il y a des nichons partout… « Chaud » le bivouac, malgré les -8° de la nuit (et les fraises au dessert).
De la chambre au couloir, il n’y a qu’un pas et dès les premières lueurs du jour, nous voilà affairés à cramponner des pentes de plus en plus raides. Pas loin d’une dizaine de longueurs vont être nécessaires pour avaler ce monstre. En réversible, chacun prend ainsi plaisir à poser friends, pitons et même pieux à neige pour s’assurer. Malgré le sérieux de l’entreprise, un petit air repris en choeur vient bientôt égayer la ligne fuyante de cette haute muraille : « Savez-vous planter des clous, à la mode, à la mode. Savez-vous planter des clous, à la mode de chez nous. Et quand on a pas son marteau, on les plante avec un caillou ! Tatatsin. »
Au total, pas moins d’une douzaine d’heures auront été nécessaires pour monter, redescendre cette belle montagne de presque 3000 m et revenir au camion, fourbus et les épaules en feu. Là, vous pourriez vous attendre à prendre une bouffe dans la gueule mais non : on vous prend dans les bras en vous embrassant bien fort. Elle est pas belle la vie