Escalades au certascan
Comme souvent, le plus dur pour aller dans la belle région du Pallars, c’est de se décider. Ensuite, tout devient facile, même les 4 h de route permettant de rejoindre Tavascan, dans la province catalane de Lérida. Petite déception à l’arrivée : en raison d’un conflit opposant la direction du parc national de l’Alt Pirineu avec certains propriétaires, la piste permettant d’accéder au site du Certascan est barrée à la circulation, y compris aux taxis 4×4. Qu’à cela ne tienne, nous monterons donc à pieds mais plutôt demain, à la fraîche. Pour l’heure, au vu des 35° ambiants, nous partons nous rafraîchir dans les belles marmites de la Noguera de Lladore. Dimanche matin, après 2 h 30 d’approche par la piste, nous attaquons enfin le sentier conduisant au lac de Certascan. Pas grand monde dans les parages hormis un Espagnol (pardon un Catalan) solitaire adepte de trail qui, intrigué par nos cordes, nous questionne :
– Où esse qué vous allé « climbing » ?
– Nous allons « climbing » au pic de Soune.
– Aaah, la rocher, c’est trèès joli !
Bivouac installé, nous partons vérifier de ce pas si les dires de Miguel sont exacts. Notre premier objectif est la grande dalle dite de la Tumbona, sorte de toboggan géant au rocher ultra étincelant, d’une pureté absolue. Belle escalade en adhérence de 300 mètres où chaque spit rencontré est tout un évènement, surtout lorsque ledit point d’assurance est aplati comme une crêpe (passage des avalanches oblige) et qu’il est impossible d’y introduire le moindre mousqueton… Nuit délicieuse sous la voie lactée puis, lundi, nous attaquons le second objectif du séjour : une combinaison de dalles et de boucliers ornant la face Nord-Ouest du pic de Soune. Ce n’est certainement pas pour rien que les ouvreurs ont baptisé le secteur Minas Tirith, en référence à la cité forteresse imprenable du Seigneur des Anneaux. Mais les petits Hobbits que nous sommes ne se dégonflent pas et parviennent à surmonter cette sublime voie de 300 mètres au rocher dantesque, sculpté d’étranges champignons de granite (appelés des knobs dans le jargon des grimpeurs). Après cette bataille verticale, fin de journée plus paisible à l’horizontale, sur les berges du grand lac de Certascan, aux eaux fascinantes. Second bivouac à la belle étoile puis, mardi matin, un joli sentier en balcon nous conduit à l’étang de Naorte d’où nous dévalons ensuite jusque dans la vallée de Lladore où il fait toujours aussi chaud. Re-plouf dans la Noguera avant de reprendre la route vers Toulouse. Au final, un we excellent et un premier de cordée qui retrouve l’envie et de belles sensations. De grandes choses se préparent…